L'Héautontimorouménos

Publié le par everysecond

Je descend les deux étages qui vont de chez moi au rez de chaussée , puis je m'engage dans le grand couloir donnant sur la sortie. Une jeune fille peine à ouvrir la porte d'entrée. Petite, brune, avec ce charme tout espagnol, elle semble bien pressée. Je lui ouvre la porte et la laisse passer, elle me sourit. Je souris aussi, et je sors.

Je sors en me disant qu'elle est belle, qu'il fait beau, mais que pour moi tout ça n'est pas possible et que m'aventurer serait bien sot. J'ai un empêchement.

Suis-je coupable pour ça? Peut-être, qui sait?

"Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?

Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.

Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !

Je suis de mon coeur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !"

Il y a bien dans mon coeur la force d'aimer. La même hardiesse qui salit et empoisonne pourrait bien à l'inverse décrire, sublimer. Mais quelle est la recette, qui change un roc en homme, un troupeau en berger?

Publié dans Présent

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